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Le Médicament : La Grande Bataille Gagnable En Terre Africaine

Dernière mise à jour : 14 juin


Plusieurs milliers d’usines pour fabriquer des médicaments de qualité sont à créer en Afrique pour son milliard d’habitants.


L’Afrique doit passer d’une économie dominée par les matières premières, elle-même héritée de la période coloniale, à une économie industrialisée pour garder la création de richesses en Afrique et délivrer les africains de l’incertitude face à la maladie ou la mort.



Crédit photo: / médicament générique

Avec la ratification, par la quasi-totalité des 54 États membres de l’Union Africaine, de l’accord sur une Zone de libre-échange Continentale Africaine (ZLECA) et après la création de l’Agence Africaine du Médicament (AMA), les conditions sont désormais parfaitement réunies et sûres pour la réussite de tout projet d’investissement dans le domaine de l’industrie pharmaceutique en Afrique et la fabrication locale de médicaments de même qualité sur tout le continent, et à des prix compétitifs. L’objectif d’y arriver comme dans les pays industrialisés ou l'espace européen, qui a aussi une zone de libre échange, est à portée de main.

La plupart des pays africains importent l’essentiel de leurs médicaments « pas chers » d’Inde ou de Chine. La crise de la covid a vite révélé les fragilités de ce système avec le blocage des exportations d’Inde ou de Chine et mis les gouvernements africains sous pression, privant les africains de vaccins et de nombreux médicaments à ce moment crucial.


Les africains, voyant que les autres pays en Asie, en Europe ou en Amérique, pouvaient accéder aux vaccins ou aux médicaments ont été choqués.

Conquérir son indépendance en matière de production et de couverture de ses besoins en médicaments s’est donc imposé comme une étape obligatoire pour les gouvernements africains.


À ce jour, il existe une petite centaine d’usines de fabrication de médicaments en Afrique qui assurent une couverture encore insuffisante pour les besoins des africains en médicaments. Elle était quasiment inexistante pour la fabrication locale des vaccins. Il en faudrait plusieurs milliers pour atteindre une couverture suffisante en médicaments produits localement.

La force de l’Afrique, c'est qu’on peut penser à l’échelle du continent pour tout projet de fabrication de médicaments.  L’absence de droits douanes intra-africains et une agence commune du médicament vont dans cette direction.


Si on prend l’hypothèse qu’une usine qui fabrique des médicaments génériques en formes sèches et qui respecte les bonnes pratiques de fabrication pharmaceutiques (GMP Good Manufacturing Practices ou BPF en français) coûte 15 à 20 millions d’USD, il faudrait pour 1000 usines, soit 20 à 30 usines par pays, un financement de 15 à 20 milliards d’USD.  L’Afrique doit penser en grand. 


C’est à ce niveau qu’apparaît la question du financement : en l’état, vis-à-vis de l’Afrique, les fonds d’investissements, tout comme certaines banques publiques, ne financent pas des projets en dessous de 30 millions d’USD. C’est un point de blocage. Les challenges africains ne sont pas suffisamment connus et compris. Les solutions d’investissement spécialisé pour l'industrie pharmaceutique n’existent pas encore. Les indiens et les chinois arrivent à financer leurs projets en Afrique, mais ce n’est pas encore aux standards internationaux.

L’image de l’Afrique et le manque d’informations disponibles et fiables sont les grands challenges pour apporter la confiance nécessaire pour mettre en place des fonds d’investissements qui répondent aux besoins de l’Afrique.


L’environnement économique sera primordial pour créer ces usines, car il faudra beaucoup de porteurs de projets. Des partenariats public/privé peuvent y aider, mais une stabilité politique sur le long terme est la condition de la confiance des investisseurs. La fabrication locale sera plus chère que les médicaments importés d’Inde ou de Chine. La santé comme l’indépendance sanitaire ont un prix. C’est le prix de l’indépendance sanitaire ; Il est primordial de prendre cette réalité en compte pour rendre cette nouvelle industrie pharmaceutique africaine viable sur le long terme.


Il vaut mieux une bonne couverture en médicaments aux normes, même à un prix plus élevé, que des médicaments pas chers avec un risque de qualité douteuse et des devises qui quittent le pays. Un environnement législatif est primordial pour réussir avec succès le passage de médicaments importés à une fabrication locale.


L’implication des pharmaciens africains au niveau local pourrait contribuer au succès de toute nouvelle usine dans le pays. Il faut s’assurer que la fabrication locale soit délivrée aux africains. C’est primordial pour s’assurer que les africains acceptent des médicaments locaux plutôt que des marques étrangères. Cette confiance est à gagner. Ces pharmaciens pourraient être aussi des porteurs de projets. Il en faudrait en grand nombre. 


L’Afrique n’est pas uniforme. Les projets d’usine de fabrication de médicaments et les enjeux de santé se traitent de manière spécifique en Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest, en Afrique Centrale, en Afrique Australe ou en Afrique du Nord. 

Pour le moment, des pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud ou le Kenya couvrent une bonne part de leurs besoins en médicaments avec une fabrication locale.  L’échange d’expérience permettra à l’Afrique d’avancer sur des projets d’usine de fabrication de médicaments.


L’attractivité de l’Afrique est aussi importante. Les Indiens et les Chinois sont très présents et ont déjà réalisé quelques projets.  Les occidentaux sont très intéressés, mais sont beaucoup moins présents et connaissent mal l’Afrique.  

Des partenariats gagnant-gagnant sont nécessaires pour réussir des transferts de technologie. Le chemin est long, mais les africains présents dans le monde entier pourraient apporter à l’Afrique leur expérience pour réussir à apporter cette indépendance sanitaire à l’Afrique. Il faut attirer la diaspora (ingénieurs, pharmaciens, assureurs, banquiers) en proposant des conditions stables dans le long terme. L’Afrique aura besoin aussi des étrangers pour démarrer ces usines. La formation des africains sera primordiale pour le long terme

En posant ces bases avec une industrie pharmaceutique africaine solide l’Afrique pourra faire fructifier ses richesses avec notamment ses plantes et sa pharmacopée insuffisamment mises en valeur actuellement.  

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