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L’AFRIQUE : CONTINENT VITAL, RICHE ET CONVOITÉ, SANS MIROIR, NI PROJECTION, NI IMAGE DE LUI-MÊME

Dernière mise à jour : 28 mai

AFRIQUE-MÉDIAS ET IMAGE


La Mémoire humaine a beau s’étirer, de millénaires en millénaires, le discours scientifique dominant s’ingénier à flouer ce fait historique, cette realité demeure : l’Afrique est le Berceau de l’Humanité. Berceau de l’humanité en tant que Continent d’apparition de La Vie. Mais aussi Berceau de La Civilisation. Berceau de La Civilisation en tant que lieu de formation des premières organisations humaines (sociales, culturelles, économiques, politiques, scientifiques et spirituelles...). Cette réalité est Vivante : Nature, Naturelle, Naturante, Physique, Biologique, Géographique, Historique, Anthropomogique, Ontologique, Holistique... Et les anciens le savaient trop bien car les grands Empires africains ont rayonné sur le monde ancien, jusqu’à l’aube de ce que d’aucuns qualifient de modernité, en conscience de leur antériorité et de leur responsabilité de Continent-Source et Ressource : depuis l’Egypte pharaonique, “ Fille du Sud ” selon les dépositions gravées dans la pierre et couchées sur papyrus plusieurs millénaires avant notre ère.


Kama, La Terre des Noirs, Koush, Nouba, Méroé…Ifé, Ghana, et jusqu’à l’or du Mali dont kankan Moussa, son plus célèbre souverain hors de ses terres, a inondé la Mecque au 12ème siècle, est le visage chronologique de la même civilisation qui renaît de ses destructions, reconstructions, métamorphoses et réinventions. Les Minos du Dahomey au 19ème siècle encore, comme les Candaces 1000 ans plus tôt au Soudan. 




L’Afrique a rayonné pendant plus de millénaires qu’elle n’en a  mis à souffrir de la barbarie et du joug de ses envahisseurs. Et cette vérité devrait être présente à l’esprit de tous : elle est centrale dans la construction ou la destruction d’une image car, en réalité, le continent qui comptabilise le plus d’années de bonheur dans l’Histoire du monde est bien le Continent Africain !!! Au moins 3000 ans de prospérité, de progrès scientifique, philosophique et culturel au service de l’humanité. L’histoire parle d’elle-même mais les Hommes la disent ou l’interprètent, la commentent ou la taisent au gré de leurs intérêts, de leur état de conscience, de leur être, de leur devenir ou des compétitions inhérentes aux interactions entre leurs peuples.

 

L’image de soi se reçoit, se conçoit, se construit, se transmet, se nourrit, se protège, se soigne et se renouvelle. Et se crée, si nécessaire. Celle de l’Afrique est un livre ouvert aux quatre vents : elle doit maintenant s'en saisir, la raconter et réécrire ses pages blanches ou arrachées; ce que permet désormais la multiplicité des sources et techniques, l’affranchissement épistémologique des tuteurs, de même que la vitesse et la consignation de l’information à l’ère du Numérique. 


Que cela soit rappelé sans fin : l’Afrique est Le Commencement de La Vie et de La Civilisation. La Création l’a placée au coeur du Vivant et, donc, de l’Histoire puisque tout est parti de là, que les Gènes et la Mémoire humaine s’y rattachent, que les premières Sociétés y sont nées; avec une économie, une expression culturelle, philophique et spirituelle, les langues, les arts, les lettres et les sciences. L’Afrique est Source et Ressource, Commencement et Recommencement. Continent richissime élu par Le Vivant, riche de son sol, de ses gènes, de sa diversité, de sa fécondité, riche de l’humanité la plus ancienne en ce monde, riche de sa culture et ses valeurs centrées sur le principe traduit en Zoulou du UBUNTU “ je suis parce que nous sommes ”.




L’Afrique est le centre de l’économie mondiale en tant que premier pourvoyeur des principales ressources de la production technologique et industrielle de la planète. Et même si on ne lui impute qu’une part minuscule dans ces échanges mondiaux, ce n’est que parce que les prix sont fixés par d’autres, que la transformation en produits finis y est embryonnaire et que les plus-values sont réalisées ailleurs. Cette place de dernier des échanges dépend davantage de rapports de forces d’une autre nature. Sur le fond, celui qui a de l’or dans son sous-sol est plus riche que celui qui n’a que quelques lingots dans des coffres-forts.   Elle l’ignore peut-être mais elle est la source perpétuelle, dans ce monde qui tourne sur lui-même, ce point, ce carrefour par lequel défile l’humanité. 


La richesse de la meute de la grande prédation internationale est essentiellement spéculative, fruit de la financiarisation et de l’assujettissement de la richesse naturelle et de l'économie réelle à des règles et diktats internationaux au bénéfice des Dominations militaires et systémiques du capitalisme impérialiste.

Ce rapport de riche/pauvre se détermine sur un autre plan : la puissance militaire, qui est aux fondements de toutes les  autres puissances. Et si elle relève dans les faits d’une puissance scientifique, c’est encore illusion pour l’esprit qui voit au-delà des apparences : elle est avant tout la projection d’un esprit et d’un idéal de l’humanité que n’avaient pas eu nos ancêtres pendant des millénaires de domination tous azimuts. Science et Conscience, donc. Peut-être notre sempiternelle naïveté d’Africains ? Encore une projection ! C’est une question de valeurs mais la réalité commande désormais un changement de ce paradigme. Puisque les données sont telles, l’Afrique ne s’en sortira pas sans volonté de puissance. Cette ambition se construit à partir d’une image, d’une conscience culturelle et historique.

 

C'est à ce point que le rôle des médias est crucial : maintenir les plus faibles dans l'ignorance, justifier la domination qui repose sur la force en laissant croire à une dominante culturelle ou de valeurs, de civilisation ou de système. 

La conscience de sa richesse et de sa force, de même que la conscience des enjeux de domination portés par les médias : telle est la trame qui doit structurer toute initiative africaine en matière de lancement d'un groupe médiatique, et ce, même uniquement destiné à un public interne à l'Afrique.


Les médias sont la nouvelle Bible, et ils reposent sur la foi des sources et le présupposé totalement abstrait et diffus de la crédibilité des diffuseurs, patiemment construit par des mécanismes de lobotomisation de masse, de diktat de la pensée unique, d’inféodation coloniale : assauts portés par l’uniformisation de l’Ecole et du discours dominant intellectuel, médiatique et culturel. Lorsqu’ils émettent en direction de l’Afrique, dans la continuité de leurs pionniers, les médias internationaux se reposent sur la soumission inconsciente du colonisé coopératif quant à la fiabilité du maître; une crédibilité naïve qui s’abreuve en réalité aux sillons de la violence subie et ensuite redoutée. La phase 2 étant celle de la projection permanente de rêves et de paradis qui humanisent le bourreau quand ils ne dessinent pas Dieu à son image. C’est la fonction de l’Art, de la Religion et son corollaire Laïc des ONG (les Bons Samaritains).


Le rôle des médias à destination de l’Afrique aujourd'hui est celui de la Bible ou du Coran hier. Faire passer la douleur pour juste au vu de la sous-entendue damnation des Africains, impénitents pécheurs voués à passer au Purgatoire des Guerres et du FMI ou à la cathéchèse des valeurs dites démocratiques et leurs Droits de l'Homme (Blanc ) à géométrie variable.


Voilà le rôle des médias ! 

Défendre et propager les “ valeurs” et intérêts de l'Occident tout en prétendant à une objectivité (d’emblée démentie par le seul prisme culturel existant en chacun). La question étant de savoir si les journalistes occidentaux, à titre individuel, sont conscients de ce rôle tant ils s'en défendent (attitude qui fait beaucoup rire sous d'autres cieux). Ces vaillants journalistes solidaires et équitables se revendiquent indépendants et se disent protégés, dans l’exercice de leur travail, par le principe de la liberté d'expression propre aux " Grandes Démocraties ".


INDEPENDANTS, LES MÉDIAS OCCIDENTAUX ?

1/L’actionnariat


Il faut s'intéresser à l'actionnariat de chaque média occidental, tout d'abord, car, bien souvent, celui qui paye est le vrai patron et peut-être même la véritable ligne éditoriale selon le segment du média et la cible. On dit dans le microcosme que la presse ne rapporte pas d'argent mais de l'influence. Que l'investisseur soit privé peut rendre ses visées plus opaques. Mais lorsqu'un État consacre plusieurs centaines de millions d'euros de financement annuel pour un groupe comme FMM France Média Monde (RFI, France 24 ), soit 254,7 millions d’euros pour son prévisionnel en 2021 (pour sa production), et qui dit vaguement employer, dans ses statuts, entre 1000 et 1999 salariés, il ne s’agit pas juste  d’un aumône sociétal ou d’une contribution à la réduction du chômage à travers le gavage d’une oisive caste journalistique de nantis : Il s’agit bien d’un investissement stratégique de l'Etat français en vue de son influence dans le monde, en particulier dans les pays de la basse-cour du Coq Français.  284,7 millions d’euros HT pour l’exercice 2023, sans oublier les 500 millions d’euros de budget de France Télévision et Radio France et Arte, chaînes de télévision et radios toutes aussi captées en Afrique et dont les objectifs de promotion culturelle française s’additionnent à ceux de FMM, qui s’en occupe spécifiquement et dont le seul bugdet équivaut à 186 750 960 000 de Francs CFA (cent-quatre-vingt-six milliards… de CFA) !!! 284 millions d’euros de budget pour la promotion de la culture française et son influence à l’étranger contre 4 milliards pour l’ensemble du budget du Ministère de la Culture sur le même exercice. Ce budget est très important !


Extrait : prévisionnel France Média Monde 2021

4 PLR 2021

France Médias Monde

Programme n° 844 Bilan stratégique

Bilan stratégique du rapport annuel de performances

Jean-Baptiste GOURDIN

Directeur général des médias et des industries culturelles

Responsable du programme n° 844 : France Médias Monde


« En 2020, dans le but de clarifier et de stabiliser le cadre stratégique et financier de l’audiovisuel public, le Gouvernement a invité l’ensemble des entreprises du secteur couvertes par un contrat d’objectifs et de moyens (COM) (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, l’Institut national de l’audiovisuel et ARTE France), conformément aux dispositions de l’article 53 de la loi 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, à le renégocier. Pour la première fois, ces contrats, qui ont été signés au cours du premier trimestre 2021, sont alignés entre eux et sur l’horizon budgétaire prévisible (2022). Plus concis et plus stratégiques, ils déclinent la feuille de route fixée dans le cadre du plan de transformation du secteur audiovisuel public annoncé par le Gouvernement à l’été 2018. Le COM 2020-2022 définit les objectifs spécifiques suivants pour FMM :

• assurer des missions internationales plus essentielles que jamais et porter les valeurs démocratiques dans lemonde ;

• promouvoir la francophonie dans un monde plurilingue ;

• développer l’innovation numérique au service d’une offre éditoriale ambitieuse ;

• assurer notre présence mondiale tout en développant une stratégie régionalisée ;

• optimiser la gestion de l’entreprise. »


2-La ligne éditoriale OCCIDENTALE


Ce qu'une chaîne peut véhiculer à destination d'un public africain ou du public français à propos de l'Afrique peut être de plusieurs ordres.

Au plan culturel, la diffusion de la langue, d’oeuvres et du goût français. Cela est une expression normale de sa culture. Il s'agit maintenant pour les Africains de s'inscrire dans un échange or l'Afrique n'offre rien en contrepartie.

Elle se dit économiquement incapable de le faire, ce qui n'est pas vrai car nos chaînes publiques pourraient couvrir ce besoin avec leurs seuls budgets. Mais elles sont au service des gouvernements en place, eux-mêmes partenaires, alliés ou auxiliaires de la puissance étrangère dont le regard critique est proportionnel à leur docilité couplée à la préséance économique et stratégique de l'ancienne puissance tutélaire, et son fouet médiatique dans le dos.


Ensuite il faut bien comprendre les mécanismes du suprémacisme culturel, fondé sur la domination historique, politique et économique, qui laisse croire à la supériorité absolue d'un système de pensée sur les autres alors qu'il ne s'agit d'abord, ni plus ni moins, que d'une domination militaire qui s'est ingéniée ensuite à réécrire l'histoire, effacer les mémoires, vider puis remplir les nouveaux imaginaires. Tout occidental est formé pour aller à la conquête du monde. Sa culture est essentiellement expansionniste. Et les élites dont font partie les journalistes sont en première ligne de ce combat, conscients ou pas ! Untel  ne concevra jamais que la civilisation pharaonique a pu être d'origine noire africaine puisqu'il n'est jamais discuté de la falsification de sa mémoire et même parfois de ses vestiges. Que la constitution de Kurukan Fuga (Déclaration Des Droits de l’Homme écrite par l’Empire du Mali au 12ème siècle) est plus ancienne et aboutie que toutes les Déclarations auxiliaires en Europe, qui verront le jour plusieurs siècles plus tard.


Que l'Afrique n'a pas d'écriture alors qu'elle en compte des centaines comme le Nsibidi ou l'écriture Bamoun. Que le Geez et l'Amharique sont des langues africaines.

Que la première tablette mathématique, au Congo, est L'Os d'Ishango (22.000 ans avant JC ). On fait comme s'il n'y avait pas eu cette continuité historique ( l'Afrique n'a pas d'histoire de Sarkozy ) qui a vu, au fil du temps, les premères sociétés s’organiser, les premiers Etats naître, et se fonder les premiers grands empires, au creuset de la civilisation humaine.

Voilà ce que l'enseignement qui forme les élites occidentales n'enseigne ni à ses enfants ni à ses colonisés.


INDEPENDANTS ?

3/LE CHOIX ET LA DESIGNATION DES RESPONSABLES : QUELS PROFILS 

Le journaliste formé à cette pâte suprémaciste par un système qui lui enseigne les grandeurs de sa civilisation (normal ) tout en abaissant systématiquement celle des autres et en se fermant à tout point de vue critique ou qui propose de discuter d'une autre hypothèse, court le risque immédiat d'être taxé de l'un des anathèmes de la taxinomie condescendante et révisionniste en vigueur. Même certains mots, certaines expressions ou des concepts sont exclusifs d’autres cas d’étude historique.


Ce journaliste-là ne peut pas être neutre. Certains, par grande empathie, s'essayent à quelques embardées pas toujours bien vues parmi les leurs. A tout prendre il vaut mieux peut-être écouter l'Afrique parler d'elle-même. Et elle existe, cette Afrique qui a entrepris de se dire. Celle des Charles Onana, celle d'une jeunesse décomplexée qui porte le mouvement de Renaissance africaine dans l'espace public.

C'est cette réponse qu'il faudrait maintenant fédérer et organiser. Elle est un public, un ferment et une masse de contributeurs potentiels. La bataille de l’image sera vitale ! Elle se joue dans les médias, porteurs de valeurs et d’intérêts contraires à celles et ceux de l’émancipation africaine. La bataille médiatique requiert des capitaux mais surtout une vision et une lucidité face aux enjeux qu’elle sous-tend. Nul n’est libre s’il n’est concepteur de son image, L’image, c’est la magie au coeur de l’imaginaire : elle peut-être liberté et exaltation ou prison et damnation. Faisons l’Homme africain à notre image.


Gabriel Mbarga

Extrait livre à paraître “L‘Afrique face à la compétition médiatique internationale GM Edition

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