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Beckenbauer l’Africain ! Le dernier match de l’Empereur

Dernière mise à jour : 14 juin

Le 7 janvier 2024, à quelques jours du démarrage de la Coupe d’Afrique des Nations qu’organise la Côte d'Ivoire, un grand nom du foot mondial rejoignait les étoiles. Surnommé « der Kaiser », l’Empereur, en allemand, Franz Beckenbauer qui vit le jour en septembre 1945, fut un orfèvre du ballon rond. À l’instar de Baresi, Maldini ou de Bobby Moore, Beckenbauer est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs centraux de l’histoire du football. Le Kaiser fut, pour l’Allemagne, l'équivalent de Pélé pour la Seleção : le roi du football allemand ! Une Allemagne alors triomphante, en sélection comme en clubs, avec le Bayern de Munich en figure de proue.




Crédit photo : /img.welt.de

Capitaine charismatique de la Nationalmannschaft avec qui il remporta la coupe du monde 74, celui qui est passé par le Bayern de Munich, le New-York Cosmos et le SV Hambourg a laissé le majestueux souvenir d’un joueur d’exception. Si le meilleur libéro de l’histoire du football a marqué toute une génération, il fut un personnage d’autant plus emblématique lorsqu’il enfila sa veste pour devenir entraîneur de la Mannschaft. En 1986, il hisse l’Allemagne en finale de la coupe du monde avant que celle-ci ne trébuche face à l’Argentine. Quatre ans plus tard, l’Allemagne, encore finaliste face à l’Argentine du grand

Diego Maradona, un autre sorcier du football, terrasse les Auriverde et devient champion du monde en 1990. Auréolé de ce succès, der Kaiser rejoint le club marseillais en tant que nouvel, entraîneur. Il y restera 103 jours avec un bilan plus ou moins mitigé. En 1994, le double ballon d’or reviendra dans le club de ses débuts : le Bayern de Munich, en tant qu’entraîneur ; il y restera un peu plus de deux ans, permettant à son club de remporter en cette même année le championnat d’Allemagne et le seul trophée de l’UEFA figurant au palmarès du club munichois, en 1996.


Le palmarès de celui que l’on surnomme l’Empereur est impressionnant, on ne citera ici que quelques-unes de ses distinctions dont le double ballon d’or remporté en 1972 et 1976, son élection à 4 reprises comme footballeur allemand de l’année, son élection en étant que deuxième meilleur joueur de ces cinquante dernières années, entraîneur mondial de l’année de la Word soccer Award. Au-delà de ses talents footballistiques qui lui offrent une place méritée au panthéon de l’histoire du football mondial, la presse allemande s’accorde à décrire Herr Beckenbauer comme quelqu’un d’exceptionnel et d’ouvert. Les milliers d’hommages qui affluent du monde entier sont hautement significatifs de la grandeur

du grand Homme qu’il fut.


Ce 19 janvier, c’est toute une foule estimée à quelque 25.000 personnes qui se rassemblent au mythique stade Arena de Munich pour rendre un hommage digne de ce nom à l’enfant du pays, à l’Empereur de classe dont le charme et le génie transcendent les clivages politiques et les générations. Tour à tour, le président allemand Franck-Walter Steinmeier grand amateur de football, le président d’honneur du Fc Bayern Ulli Hoeness, ami et ancien coéquipier de Beckenbauer, sont montés à la tribune pour évoquer l’illustre disparu. Plusieurs personnalités politiques, plusieurs joueurs et anciens joueurs allemands, dont les emblématiques Lothar Herbert Matthäus et Berti Vogts, de même que plusieurs grands noms du football mondial et dirigeant, ont eu à faire le déplacement de Munich pour un dernier hommage à ce grand monsieur dont le parcours inspire respect et admiration.


Erwin Kostedde, premier joueur noir de l’équipe nationale allemande et ex coéquipier de Franz, longtemps victime de racisme au sein de la Mannschaft (sélection nationale allemande) a aussi fait part de son émotion, en apprenant la mort de son ancien capitaine. La Mannschaft était alors une forteresse blanche. Kostedde ressentait comme une aversion de tous ses coéquipiers contre lui, en raison de sa couleur de peau. Erwin Kostedde, d’un père Noir et d’une mère allemande, vivait cet enfer et n’oubliera jamais que seul Franz Beckenbauer fit une exception à ce barrage en règle contre le

racisme qu’il subissait ! À la veille d’une rencontre contre l’Angleterre, à Wembley, Helmut Schön, sélectionneur de la Mannschaft à l’époque, avait choisi de ne pas le faire jouer. C’est ainsi que Beckenbauer, furieux, ira dire à son coéquipier Kostedde : « oui, tu joueras ! » Et ce fut fait ! Kostedde dira : « Je lui dois cela, car s’il n’avait pas pris ma défense, je n’aurais jamais été aligné. »


Beckenbauer, grand admirateur d’une autre légende noire, celle du noble art, Mohamed ALI, fut toute sa vie durant un puissant antidote aux groupuscules d’extrême droite. À cette heure où l’Allemagne semble plus que jamais divisée et hantée par le démon de la xénophobie et de la haine, puisse l’esprit de Beckenbauer, l’homme universel, interpeller la conscience allemande à plus d’ouverture à l’autre, à plus d’humanisme. Le Kaiser a bien joué sa partition, il a su faire l’unanimité sur se plancher des vaches, transcendant sa Bavière natale, son pays, l’Allemagne, il rentre avec de grands vivats dans la postérité.


Aufwiedersehen der Kaiser !


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