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Allemagne : Le Défi de la Lutte Contre Le Racisme et la Xénophobie

Dernière mise à jour : 14 juin


                                       


Crédit photo:/ /img.welt.de Palais du Reichstag

Allemagne, la haine raciale est de retour :


Vivre en Allemagne en étant immigré va devenir de plus en plus compliqué, si l’on en croit  les révélations du site d’investigation allemand « Correctiv ». Sous la férule du parti  AFD, l’extrême-droitisation de la scène publique allemande est en train de s’enraciner dans presque tous les Länder et commence à inquiéter jusqu’au sommet de l’État. L’AFD, parti d’extrême-droite fondé officiellement le 6 février 2013 par quelques déçus de la politique européenne de l’ex-chancelière Angela Merkel, apparaît  aujourd’hui comme la principale menace à la cohésion nationale et sociale. « La réunion secrète » tenue en novembre 2023 dans un hôtel de Potsdam, à 20km, au sud-ouest de Berlin, dans l’État du Brandebourg, en présence des principaux cadres du parti et d’autres figures de proue de l’extrême-droite allemande, fait froid dans le dos. Correktiv, dans sa parution du 10 janvier 2024, révèle qu’un plan d’expulsion de citoyens Allemands et d’immigrés y a été présenté par l’identitaire autrichien Martin Sellner, un chouchou des droites européennes. Ce plan dénommé «Remigration»  identifie trois « groupes-cibles » : les demandeurs d'asile, les étrangers ayant le droit de rester et les « citoyens non assimilés ». Sellner a aussi prévu de créer un « Etat modèle » (« quelque part en Afrique du Nord ») à même d’accueillir toutes ces personnes dont l’extrême-droite raciste et xénophobe ne veut plus sur le territoire allemand.  


Soixante-dix ans après la fin de la seconde Guerre Mondiale et ses affres, une partie grandissante des peuples européens semble se prêter à une résurgence des particularismes identitaires. Le discours anti-immigrés se banalise en Europe, ce qui fait craindre un crépuscule tragique aux honnêtes immigrés qui vivent depuis des lustres sur le sol européen. Il y a un « parfum de l’entre-deux-guerres » qui embaume l’Europe et qui risque de sentir très mauvais. 


La guerre en Ukraine a sans doute joué un rôle dans la montée brusque de ce vent de folie xénophobe qui s’empare de cette Allemagne où, une fois encore, de pauvres immigrés font les frais d’esprits obscurs qui tentent de ressusciter tous « les démons »  qui ont conduit l’Allemagne et le monde dans un conflit qui reste, à ce jour, en un temps record, le plus meurtrier de la mémoire écrite de l’humanité. Une « Réunion secrète » sulfureuse qui ravive, chez certains, de vieux et sombres souvenirs comme celui de La Conférence dite de Wannsee à Berlin : en janvier 1942, en effet, plusieurs hauts responsables du « Troisième Reich » se réunirent à la Villa Marlier à Wannsee pour évoquer ce qu’ils appelèrent alors la solution finale de la question juive ».  Au cours de cette conférence, les dignitaires nazis avaient conçu un plan de déportation des Juifs d’Europe vers l’Afrique, notamment à Madagascar, avant d’entériner, par la même occasion, le sinistre projet de l’Holocauste. 

Les velléités fascistes ont pris une nouvelle forme dangereuse depuis septembre 2022 lorsque 25 citoyens Allemands avaient été interpellés in extremis par la police alors qu’ils préparaient un coup d’État pour renverser le gouvernement allemand.

 À la tête de ce projet, pour le moins surréaliste, se trouvait un lugubre prince du nom de Heinrich XIII Reuss, désormais en prison. 


La question raciale demeure un problème crucial en Allemagne. Avec une population estimée à 84 millions d’habitants, dont 16,5 millions de personnes d’origine étrangère (soit 20,5% de la population totale), les incidents racistes restent légions dans ce pays, et la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour des milliers de migrants, surtout noirs, qui y vivent. L’Est de l’Allemagne, jadis territoire de la RDA, est un terreau fertile à un racisme croissant : ces dernières années, plusieurs immigrés y ont été lynchés, frappés, voire tués par des hommes et des modes opératoires caractéristiques de l’ultra-droite raciste et xénophobe. Selon une étude menée par l’Agence des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne en 2022, 76% des personnes Noires estiment avoir subi du racisme en Allemagne en raison de leur peau et 79% craignent d’être victimes d’agressions verbales ou physiques au quotidien ; et cette situation ne semble pas près de s’infléchir. Confrontée à une forte pénurie de main-d’œuvre et à un problème démographique majeur qui a contraint le gouvernement à faire appel aux mains d'œuvres vietnamiennes, l’Allemagne connaît aussi une fuite de cerveaux sans précédent. Rien qu’en 2022, 1,4 million de personnes ont quitté le pays, parmi lesquelles des personnes d’origines étrangères fortement qualifiées. 


Comment comprendre que ce pays en détresse démographique semble ne rien opposer d’autre que des incantations face à l’accentuation de cette haine délibérée de « l’ÉTRANGER ? » L’Allemagne n’offre qu’impuissance face à ce grand paradoxe qui la caractérise et le gouvernement Scholz, qui se veut plus ouvert à l’Afrique, doit trouver des voies et moyens pour freiner l’élan mortifère de l’AFD (et toute sa horde) pour un « mieux vivre-ensemble » dans ce grand pays où il y a de la place pour tout le monde. Il est temps que le gouvernement allemand s’attelle à inscrire dans ses programmes scolaires l’histoire de l’Allemagne, de même que l’histoire de la colonisation doit être enseignée à la jeunesse allemande. Beaucoup d’Allemands ne connaissent pas l’histoire de leur pays, si bien qu’ils sont bouffis d’une stupide fierté. L’Allemagne s’est aussi développée grâce à la sueur et au sang des autres. Dans ce monde où l’interdépendance est de mise, où nous vivons dans une économie mondialisée, l’Allemagne ne saurait se soustraire à cette évidence, au risque de mettre en péril sa bonne performance économique. L’Allemagne fait face à bien de défis qu’elle ne pourra affronter seule et il urge que ceux qui veulent mettre à mort les immigrés aillent à l’école de l’humilité.


L’Allemagne des vainqueurs, celle qui s’est levée comme un seul homme pour battre le pavé et dire non à la haine, a l’impérieux devoir de continuer la contestation en vue de barrer la route à ces pauvres haineux.


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